par Mendelssohn Moses
«Resistance Factors and Special Forces Areas - UKRAINE»- 1957
Le fait que les USA reconnaissent que leur pays serait seul impliqué dans d'éventuelles négociations concernant la SMO en ex-Ukraine, équivaut à reconnaître sans gêne aucune que ce sont les USA le moteur de l'assaut contre la Russie.
Assaut commencé quand ? 1989 ? 1991 ? 1994 ? (1) 2014 ?
Rédigé il y a 70 ans, le rapport sujet du présent article et dont nous avons déjà vu deux volets, confirme que la politique poursuivie vis à vis de la Russie par les USA et accessoirement par l'Angleterre correspond à une lame de fond (long wave), remontant au moins à la Guerre de Crimée, où plongent nombre d'acteurs dont les intérêts ne convergent pas nécessairement. (Ce qui rend, soit dit en passant, l'analyse du jeu d'échecs russo-américain actuel assez ardue).
Nous sommes donc en 1957. Entre nos mains, ce manuel intitulé «Resistance Factors and Special Forces Areas - UKRAINE»1957 (RFSFAU)
Georgetown University Research Project), dessinant une stratégie d'opérations de sabotage des infrastructures et d'action directe (euphémisme) en Ukraine soviétique.
L'objectif de ce troisième volet sera simplement d'en restituer pour ainsi dire la «saveur», car chaque chapitre de l'une des sections donnée au sein des 300 pages est organisé sur exactement le même modèle. Seuls les détails topographiques etc. changent d'un chapitre à l'autre, tandis que de nos jours les spécificités des infrastructures ont perdu de leur actualité au fil des décennies.
Par contre, retenons que cette faction influente des services de renseignement militaire US, et qui serait bientôt englobée dans la CIA, ne se satisfaisait point de méditer «regime change» en URSS : elle s'y engageait activement. Et réussit à peine 32 ans après (1957-1989).
Aujourd'hui la section qui nous concerne s'intitule «Special Forces Areas» (Zones d'intervention des forces spéciales).
Assortie de dizaines de cartes militaires d'une précision remarquable et sans doute obtenues de la Wehrmacht, ces Zones, au nombre de 5, sont considérées sous essentiellement trois angles : 1/ possibilités de ce que l'on appelle «interdiction», terme technique signifiant le sabotage, blocage ou prise de contrôle d'infrastructures ; 2/ failles exploitables dans les ethnies locales (inimités anciennes ; divergences linguistiques ; hostilité au communisme... ; potentiel fourni par la topographie locale pour cacher des Forces spéciales (notamment forêts ou marais difficiles d'accès...).
On y lit : «Les régions de l'Ukraine que nous considérons comme les plus propices aux opérations de Forces spéciales pour ce qui est de cachettes potentielles, et de groupes favorables (aux Forces spéciales - ndlr), ne coïncident que faiblement avec les régions les plus prometteuses en termes de la densité de systèmes essentiels que l'on pourrait prendre en cible. En particulier, le Donbass, dont la signification économique est primordiale pour l'URSS, ne convient nullement aux opérations de Forces spéciales : impossible de se cacher... : trop de Russes et d'Ukrainiens russifiés (sic). Par ailleurs il sera difficilement faisable d'entraver le mouvement de ce que produit cette région vers l'URSS même en coupant l'accès (interdiction - sic) aux lignes de transport au-delà du Donbass».
Les Zones sont donc au nombre de 5 ; est exclue la plus vaste partie du territoire dit «ukrainien» en raison de l'absence totale de forêts ou de terrain «propice à des cachettes pouvant être utilisées sur le long terme», et de l'absence d'infrastructures à l'exception de chemins de fer sur les immenses étendues agricoles. Prenons l'exemple de la Zone 1.
Zone 1 (Carpathes au nord-ouest vers Roumanie au sud-est)
Sans surprise, cette zone est considérée comme la plus «prometteuse» (sic) pour ce qui est de fomenter «les activités anti-régime» (soviétique - ndlr) : «après la Guerre, aussi récemment qu'en 1956, les insurgés s'opposaient encore aux forces soviétiques et ont détruit des installations majeures. Il s'agit du centre le plus important d'activité nationaliste ukrainienne».
Parmi les bizarreries du RFSFAU, on retrouve dans ce chapitre le mot «Russie» et «Russe» au lieu d'Ukraine soviétique «cette zone est située sur la frontière la plus à l'ouest entre la Russie et l'Europe orientale. Ici se trouvent toute l'étendue de la frontière russo-tchèque et russo-hongroise ainsi que des sections des frontières russo-polonaise et russo-roumaine». Puisque la Russie soviétique n'avait aucune frontière avec ces pays, on peut y voir un lapsus révélateur.
Suit une analyse de chaque sous-région de la Zone 1 du point de vue de potentielles opérations spéciales, pour conclure : «Si les montagnes de Zone 1 offrent aux Forces spéciales des terrains ainsi que des cachettes parmi les plus favorables... il faut toutefois souligner que là où la couverture forestière confine aux frontières des pays-satellite, le contrôle des forces de sécurité (soviétiques)... est rigoureuse. Ensuite, les forces de l'intérieur du MVD (ministère des Affaires internes) et les troupes terrestres de l'armée soviétique sont présentes en force considérable ici. De surcroît, la zone est sillonnée de pistes touristiques et de nombreux lieux de villégiature, ce qui en fait une région montagneuse moins isolée que dans les reste de l'URSS».
Toujours en Zone 1, les rédacteurs de RFSFAU poursuivent leur recherche de leviers anti-soviétiques dans la sous-section «Populations et facteurs de résistance».
En effet, la Zone 1 ne fut incorporée à l'URSS qu'après 1939, et comprend des parcelles de la Pologne, de la Roumanie et de la Tchécoslovaquie. En lisant leur analyse des réactions et surtout des motivations de ces différents groupes tant vis à vis de la Wehrmacht pendant la Guerre que vis à vis de l'URSS et de la Russie, un observateur désintéressé eût dit «Pas touche. Trop de contradictions. Recette pour une guerre civile. Ils ont déjà assez souffert».
Qu'à cela ne tienne ! Ayant déployé ou exploité des délateurs qui peignaient littéralement le territoire de village en village, les rédacteurs concluent goulûment : «(en raison de la collectivisation - ndlr) il existe une base solide d'opposition au régime. Dans les districts anciennement polonais, la population ukrainienne est de tradition virulemment (sic) nationaliste... quant aux Polonais leur animosité anti-Russe vient de loin, t quoique ceux qui étaient le plus opposés au régime soviétique furent renvoyés en Pologne après la Guerre, d'autres nationalistes Polonais demeurent ; on peut raisonnablement s'attendre à ce qu'ils secondent les Forces spéciales... les observateurs Allemands avaient fait état de bandes nombreuses de partisans (tant anti-russse qu'anti-Wehrmacht - ndlr). L'attitude anti-russe de ces gens est démontré par leur refus de venir en aide aux partisans pro-soviétiques.... Après la Guerre, les actions contre l'autorité soviétique furent entreprises à grande échelle. Jusqu'en 1950 des groupes d'insurgés dont certains constitués d'une centaine d'hommes voire plus, combattaient les forces soviétiques... et cette activité s'est poursuivie jusqu'en 1956. Quoique l'histoire de la résistance de la Zone 1 présente beaucoup d'éléments qui indiquent que les circonstances seraient favorables... à des opérations de guérilla en soutien aux opérations des Forces spéciales, les différends entre les Ukrainiens nationalistes et les Polonais risque de provoquer de graves problèmes aux unités de forces spéciales dont la mission est de mettre sur pied des groupes de résistance».
À suivre.
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Manifestement, l'appétit du carnage chez «nos» dirigeants n'est point assouvi par deux guerres mondiales, une kyrielle de guerres coloniales et un million de morts en ex-Ukraine depuis 2022.
Florilège de la presse depuis la Conférence de Munich de la semaine dernière :
«Le spectre (sic) d'une paix négociée en Ukraine sans les Européens» (2) ; les actions des industries militaires européennes au plus haut... (3), (4), (5), (6)
Trêve de plaisanteries ? Pas tout à fait.
À la télévision allemande vers 2017, U. von der Leyen hilare devant un public tout aussi hilare, lorsqu'on lui demande si ses propres enfants iraient combattre à l'étranger. (7)